Les dispositifs médicaux logiciels jouent un rôle de plus en plus crucial dans le domaine de la santé, facilitant le diagnostic, le traitement et la gestion des données médicales. Cependant, leur utilisation soulève des défis réglementaires importants. En Europe, la réglementation des dispositifs médicaux logiciels est définie par des normes rigoureuses visant à garantir leur sécurité, leur efficacité et leur conformité aux besoins des professionnels de la santé.
Comment sont-ils définis et classifiés ? Quel est le cadre réglementaire et comment sont gérés ces dispositifs médicaux logiciels en Europe ? Cet article explore en détail la réglementation européenne entourant ces dispositifs.
I. Définitions et classification
La première étape pour comprendre la réglementation est de définir ce qu’est un dispositif médical logiciel. Selon la définition du règlement européen, il s’agit d’un dispositif destiné à être utilisé à des fins médicales et dont le bon fonctionnement dépend de logiciels. La classification des dispositifs médicaux, y compris les logiciels, est basée sur le risque associé à leur utilisation.
L’IEC 62304 est une norme internationale qui spécifie les exigences pour le cycle de vie du logiciel des dispositifs médicaux. Contrairement à la classification réglementaire (Classe I, IIa, IIb, III) qui est principalement basée sur le niveau de risque, la classification selon l’IEC 62304 se concentre sur la sécurité du logiciel et son impact sur la sécurité du dispositif médical dans son ensemble. Voici les principales classes de logiciels selon l’IEC 62304 :
Classe A : Logiciel sans influence sur la sécurité
Les logiciels de Classe A sont ceux qui n’ont pas d’impact direct sur la sécurité du dispositif médical et les erreurs du logiciel sont peu susceptibles de causer un préjudice grave au patient ou à l’opérateur.
Exemple : Logiciels de gestion des dossiers médicaux sans fonctions critiques.
Classe B : Logiciel dont une mauvaise performance peut causer un préjudice grave
Les logiciels de Classe B sont ceux dont une défaillance pourrait causer un préjudice grave, mais dont les mesures de protection sont en place.
Des processus de développement plus rigoureux et des vérifications supplémentaires sont nécessaires.
Exemple : Logiciels d’aide au diagnostic avec des fonctions critiques.
Classe C : Logiciel dont une mauvaise performance peut causer un préjudice gravissime ou fatal
Les logiciels de Classe C sont ceux dont une défaillance pourrait causer un préjudice gravissime ou fatal.
Une attention particulière est accordée aux processus de développement, à la vérification, à la validation et à la documentation.
Exemple : Logiciels de contrôle pour les dispositifs implantables.
Il est important de noter que la classification selon l’IEC 62304 est complémentaire à la classification réglementaire. Un dispositif médical logiciel peut avoir une classification réglementaire de Classe IIa, par exemple, mais peut nécessiter une classification de Classe B ou C selon l’IEC 62304 en fonction de la criticité de ses fonctions logicielles.
Les fabricants doivent effectuer une évaluation approfondie de leur logiciel en fonction des critères définis par l’IEC 62304 pour déterminer la classe appropriée et mettre en œuvre les processus de développement, de vérification et de validation nécessaires pour garantir la sécurité du logiciel et du dispositif médical dans son ensemble.
II. Cadre réglementaire et gestion des dispositifs médicaux logiciels en Europe
Les dispositifs médicaux logiciels, jouant un rôle de plus en plus central dans le domaine de la santé, sont soumis à une réglementation stricte en Europe pour garantir leur sécurité et leur efficacité. Deux textes législatifs majeurs encadrent ce secteur : la Directive 93/42/CEE et le Règlement (UE) 2017/745, également connu sous le nom de Règlement sur les dispositifs médicaux (MDR).
Transition de la directive 93/42/CEE au Règlement (UE) 2017/745 (MDR)
La Directive 93/42/CEE, qui régissait initialement les dispositifs médicaux, a été remplacée par le Règlement (UE) 2017/745, entré en vigueur en mai 2021. Le MDR a introduit des changements significatifs, renforçant les exigences en matière de sécurité, de traçabilité et de surveillance des dispositifs médicaux, y compris ceux basés sur des logiciels. La période de transition a été élargi dernièrement à cause de la forte demande et la pression sur les organismes notifiés (la transition dépendra de la classe du dispositif médical).
Conformité et certification : pilier du processus réglementaire
La certification est un élément crucial du processus réglementaire des dispositifs médicaux logiciels. Les fabricants doivent démontrer la conformité de leurs produits aux normes spécifiques en soumettant une évaluation de la conformité et en obtenant un certificat de conformité délivré par un organisme notifié. Le processus implique également une évaluation des risques, une documentation technique approfondie et des essais cliniques lorsque cela est nécessaire.
Évaluation des risques et sécurité
L’évaluation des risques est une composante essentielle de la réglementation. Les fabricants doivent identifier et évaluer les risques potentiels liés à l’utilisation de leur dispositif médical logiciel. Cela inclut l’analyse des vulnérabilités liées au logiciel, la gestion des données médicales, et la prévention des erreurs potentielles qui pourraient mettre en danger la vie des patients (généralement en se basant sur la norme ISO 14971).
Suivi post-commercialisation
Une fois qu’un dispositif médical logiciel est sur le marché, le suivi post-commercialisation est crucial. Les fabricants sont tenus de mettre en place un système de surveillance continue des performances et de la sécurité de leur produit. Tout incident indésirable doit être signalé aux autorités compétentes, et des actions correctives peuvent être nécessaires pour garantir la sécurité des patients.
La réglementation européenne des dispositifs médicaux logiciels est un domaine complexe en constante évolution. Les fabricants doivent être conscients des exigences réglementaires pour garantir la sécurité et l’efficacité de leurs produits. En respectant les normes établies, les acteurs de l’industrie contribuent à la confiance des professionnels de la santé et des patients dans l’utilisation croissante de ces technologies innovantes au sein du secteur médical.
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